La Lectrice à l'oeuvre - Hugo orateur

christine Lecteur

Hugo orateur

Victor Hugo
Hugo orateur - Victor Hugo
On le sait, Victor Hugo prend le parti, toujours, des faibles. Son engagement politique tient du romantisme et de la sincérité. Il est un héritier de la Révolution, un amoureux des hommes et de la liberté, un être pétri d’Histoire et de ferveur. Mais il reste, tout de même, un homme de son temps. Les lecteurs scolaires doivent être guidés dans l’appréciation de ses discours. Les prisons, la place des femmes, la peine de mort, l’encouragement aux lettres et aux arts, rien à redire. Nous avons fait du chemin, sous nos climats, depuis le XIXe siècle. Nous avons fait du chemin, avec et grâce à Victor Hugo. En ce qui concerne l’éducation gratuite et obligatoire, aussi, bien entendu, nous avons avancé. Hugo était en première ligne législative sur le front de la loi Falloux (discours du 15 janvier 1850) contre la mainmise des autorités ecclésiastiques sur l’enseignement primaire et secondaire. Mais l’idée de Dieu, d’un dieu puissant et souverain, auquel on fait appel pour l’idée de liberté, Hugo en use dans son discours sur les Etats-Unis d’Europe, le 21 août 1849. Nos lectures, comme nos états d’âme ne peuvent faire l’impasse sur l’actualité. En temps normal – mais qu’est-ce que le temps normal ?, désormais ? – j’aurais lu les discours du père Hugo selon un angle strictement littéraire, ou rhétorique, ou tout ce que l’on voudra. Enfin, selon un angle vaguement détaché, louant la prose parfaite et l’ancrage dans la modernité. Victor Hugo précurseur, ou quelque chose comme ça. Myriam Roman, esprit avisé et éclairé, nous met en garde contre les anachronismes. Le dossier pédagogique qu’elle propose est un modèle de mise en perspective : de la rhétorique révolutionnaire au choix arrêté de l’émotion, elle met à plat l’art du discours de Victor Hugo, l’explique et le contextualise. C’est ainsi que l’on doit lire les classiques.