Le tourneur de pages - Numéro deux

Julien Lecteur

Numéro deux

David Foenkinos
Numéro deux - David Foenkinos
Dans son nouveau livre, David Foenkinos rend un bel hommage au pouvoir évocateur des mots. Avec sa maîtrise habituelle de l’histoire et sa manière de croquer les personnages, l’auteur compose un roman plaisant. La fiction nous capte, nous donnant l’illusion de la réalité. Comme les personnages de ce roman se confrontent à Harry Potter, qu’ils soient enfants ou adultes, le lecteur plonge dans la vie de Martin et ses parents, de cette lourdeur qui l’étouffe et le serre. Ne pas avoir été choisi, aimé, regardé, retenu. On suit alors le parcours de cet enfant, adolescent puis adulte qui tente de sortir de ce statut de numéro deux et de vivre malgré Harry Potter, cette mise en lumière illimitée amplifie l’ombre dans laquelle évolue Martin. L’auteur parvient à tenir le fil de ce parcours tout en questionnant la place de numéro deux, celui ou celle qu’on aurait pu choisir, celui ou celle qui aurait pu être. Il égrène des exemples, des réflexions sur des destins mélancoliques et hasardeux. Quand il fait des embardées au cours du récit de la vie de Martin, on retrouve les sujets phares du romancier : l’amour, la sensualité réconfortante, les musées, l’émotion artistique… Ainsi, nous découvrons le passé de nombreux personnages, ce qui les a mené dans la vie de Martin, centre de cette étoile romanesque. David Foenkinos prouve son talent pour capter les instants. En quelques lignes et paragraphes, il croque les attitudes, les pensées ou les espoirs. Le roman, en dézoomant régulièrement, explore les failles des personnages, les fragilités qu’on tente de cacher, de dissimuler, souvent par peur de ne pas être regardé et de devenir un numéro deux. Et revient alors régulièrement la force du personnage d’Harry Potter, ce jeune orphelin dont la cicatrice visible par tous et toutes est synonyme autant de douleur que de pouvoir. Le sorcier a réussi à être lui-même en affichant ses cicatrices.